Passionnée depuis toujours par l’alimentation saine, Constance De Keyzer est diététicienne spécialisée dans des domaines bien spécifiques comme la pédiatrie, la périnatalité et le végétalisme. Persuadée que l’alimentation est une médecine préventive et curative qui joue un rôle primordial à tous les âges, elle accompagne des adultes ou des familles entières vers un meilleur équilibre alimentaire.
Constance vous proposera régulièrement sur Maison Marmite des articles liés à l’alimentation végétale et c’est avec un immense plaisir que nous vous proposons de découvrir une personnalité unique et bienveillante.
Maison Marmite: Tu es aujourd’hui diététicienne mais quel a été ton parcours?
Ayant un goût prononcé pour les langues et la communication, j’ai d’abord étudié les Relations Publiques, puis un master en Sciences du Travail. Découvrant ensuite ma passion de la transmission, j’ai suivi l’agrégation pour l’enseignement secondaire supérieur en Sciences Politiques et Sociales et me suis lancée dans une carrière d’enseignante en secondaire pendant 13 ans, où j’ai enseigné plus d’une vingtaine de matières différentes.
Pourquoi es-tu devenue végétalienne?
J’ai depuis toujours une conscience écologique forte. Pendant mes années d’enseignement, je m’intéresse de plus en plus à l’impact de mon alimentation sur la planète et ses habitants. Je décide de devenir pesco-végétarienne en 2008, puis lacto-ovo-végétarienne en 2014, après le scandale du chalutage. La même année, je transite vers le végétalisme suite au visionnage d’un documentaire sur l’impact des industries laitières et des œufs sur les animaux. Au-delà de l’impact sur la planète et les animaux, j’apprends aussi que la répartition de l’alimentation serait bien plus équitable et permettrait d’endiguer les famines si notre consommation de produits animaux était moindre. Je suis donc végétalienne pour favoriser un bel avenir à la planète, une vie sans souffrance aux animaux et une justice sociale pour les humains.
Qu’est-ce qui t’a poussée à aller vers la diététique?
En 2017, après une grossesse végétalienne en pleine santé, je donne naissance à ma fille et les doutes commencent à se pointer. Vais-je la nourrir correctement? Va-t-elle grandir harmonieusement? Suis-je vraiment en train de bien faire? J’ai, bien sûr, droit à des regards de travers de la part du corps médical ainsi que des questionnements des grands-parents bien-intentionnés-mais-inquiets-quand-même. Je me souviendrai toujours de cette pédiatre à la maternité qui avait appris que j’avais acheté une préparation pour nourrissons à base d’hydrolysats de protéines de riz en attendant ma montée de lait et qui m’a tenu le discours suivant: « Ies enfants végans ne grandissent pas, ne grossissent pas et sont moins intelligents que les autres. Je vous aurai prévenue. » avant de sortir sans me permettre de répondre, me laissant seule avec mes larmes.
Un an plus tard, je décide de reprendre des études de diététique. J’ai envie de comprendre l’alimentation pour nourrir correctement ma fille et aider d’autres parents dans mon cas. Après trois ans de diététique, j’ai réalisé une étude sur 10 femmes enceintes végétaliennes pour mon TFE (travail de fin d’études), qui m’a permis de me spécialiser dans la matière. J’ai ensuite suivi la spécialisation en diététique pédiatrique et périnatale où j’ai réalisé un TFE sur l’élaboration de menus équilibrés pour enfants végétaliens.
Quelles sont les différences au niveau nutrition entre un adulte et un enfant?
Il y a des précautions à prendre avec les enfants parce qu’ils ont proportionnellement besoin de plus d’énergie que les adultes. Il faut donc limiter l’apport de fibres (qui augmentent la satiété), éviter le sel (qui augmente le risque de déshydratation) et certains produits qui peuvent être riches en substances toxiques (riz, algues, compléments farfelus) ainsi que les produits ultra-transformés qui n’ont pas leur place dans l’alimentation d’un jeune enfant (ni plus tard, d’ailleurs ;-)).
Une femme enceinte doit-elle prendre certaines précautions?
Pour les femmes enceintes, on évitera les produits pouvant présenter un risque microbiologique, comme les graines/légumineuses germées ou les crudités mal lavées. On limitera également ceux pouvant contenir des substances toxiques comme les algues, le riz ainsi que les excès de sel (qui augmente les pertes de calcium). On instaurera aussi des bonnes habitudes pendant la grossesse en préparation de l’allaitement, où la vitamine A est primordiale.
Est-ce qu’un régime végan fait maigrir?
Tout dépend comment on l’adopte. Si on consomme énormément de produits (ultra-)transformés et gras (typiquement, les fromages et steaks végétaux ou encore les biscuits et gâteaux) et qu’on n’équilibre pas son alimentation, le végétalisme ne fera pas maigrir.
Si, au contraire, on en profite pour favoriser l’équilibre et faire la part belle aux légumes, fruits, céréales complètes, légumineuses et qu’on met la variété au cœur de notre assiette, cela peut effectivement faire maigrir, mais tout dépend du mode alimentaire précédent et des nouvelles habitudes prises…
Est-ce que ce régime est adapté à tous les stades de la vie?
Oui, il peut être adapté à tous les stades de la vie, pour autant qu’il soit varié, équilibré et bien complémenté. Ce qui peut compliquer l’adoption du régime est dans le cas d’un syndrome de l’intestin irritable avec une sensibilité aux légumineuses. Mais pour les plus motivés, c’est toujours possible!
A quoi faut-il faire attention dans un régime végan?
La variété: le fait d’avoir une grande variété de légumes, fruits, céréales, légumineuses, oléagineux et huiles assure d’obtenir tous les micronutriments nécessaires.
L’équilibre: manger de tout est idéal ; en particulier les légumineuses.
La vitamine B12 et la vitamine D sont les seules vitamines absentes des végétaux. Il faut donc se complémenter adéquatement en B12 (et en vitamine D3 si on ne travaille pas à l’extérieur ou qu’on met de la crème solaire).
Une prise de sang est-elle nécessaire pour prendre en charge un patient?
C’est toujours intéressant de connaitre le statut biologique d’un patient pour la prise en charge. Les aliments sont les meilleures sources de micronutriments, avant de proposer des compléments. Le statut de B12 et vitamine D est à vérifier régulièrement. D’autres micronutriments peuvent parfois manquer chez certains patients comme le fer, le zinc, l’iode et les oméga-3.
C’est avec une joie immense que nous vous invitons à rencontrer Constance lors d’un webinaire organisé par Maison Marmite et dédié évidemment à l’alimentation végétale; il aura lieu le mardi 13 juin, de 18.00 à 19.00 (webinaire en français) et de 19.00 à 20.00 (webinaire en anglais). C’est gratuit et après avoir expliqué quelques bases de l’alimentation vegan, Constance répondra à vos questions. Pour y participer, il suffit de remplir le formulaire ci-dessous.
Vous pouvez retrouver Constance sur son site, fourchettecurieuse.be, mais aussi sur Instagram et sur Facebook.
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